Définition de JOUEUR, EUSE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : jou-eur, eû-z'

DÉFINITIONS

1
Celui, celle qui joue, qui prend un divertissement avec d'autres personnes. Cet enfant est très joueur.
Un rude joueur, une rude joueuse, une personne qui ne sait point jouer, folâtrer, sans blesser ceux avec qui elle joue.
Sémantique : Fig. C'est un rude joueur, c'est un homme à qui il ne faut pas s'attaquer.
Que vous êtes, madame, une rude joueuse en critique !
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Critique, 3
2
Celui qui joue à quelque jeu où il y a des règles. Joueur de paume. Joueur de boule. Bon joueur de whist.
Cette armée des confédérés va joindre les Impériaux ; mais nous sommes assurés que monsieur le Prince [Condé] ne se battra que quand il voudra ; voilà l'avantage des bons joueurs d'échecs
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 20 sept. 1675
Sémantique : Fig. La balle vient au joueur, au bon joueur ; ou bien au bon joueur vient la balle ; ou bien la balle cherche le joueur, va au joueur ; ou bien, elliptiquement, au bon joueur la balle, ou la balle au joueur ; c'est-à-dire à celui qui est habile son habileté fait trouver des occasions favorables.
3
Celui, celle qui joue de l'argent à un jeu quelconque.
La fortune des joueuses est sujette à de petites révolutions quelquefois
de Florent Carton, sieur d'Ancourt, dit DANCOURT dans les Bourgeoises à la mode, III, 9
Oui, monsieur, les joueurs sont un peu sujets à caution, comme vous savez
de Florent Carton, sieur d'Ancourt, dit DANCOURT dans ib.
Par cette méthode, on trouve que, si deux joueurs égaux en fortune jouent à un jeu égal, la valeur de la perte de chacun est fort supérieure à celle du gain qu'il peut espérer
de Marie-Jean Antoine Caritat, marquis de CONDORCET dans Bernoulli.
Bon joueur, ou beau joueur, homme qui joue franchement, et en offrant à l'adversaire chance de se récupérer.
J'étais piqué ; lui beau joueur
de Antoine HAMILTON dans Gramm. 3
M. de Vendôme était beau joueur, mais opiniâtre et disputeur au jeu
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 27, 53
On dit dans le sens contraire : mauvais joueur.
4
Nature : Absolument. Celui qui a la passion du jeu.
Je ne souffrirai pas qu'on trompe ma maîtresse.... Qu'elle épouse un joueur, un petit brelandier
de Jean-François REGNARD dans le Joueur, I, 2
Le jeu est très en usage en Europe ; c'est un état que d'être joueur ; ce seul titre tient lieu de naissance, de bien, de probité
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Lett. pers. 56
Brégi se trouvait avec Roquelaure dans une maison où s'étaient rassemblés de gros joueurs
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Mlle de Lafayette, p. 76, dans POUGENS
5
Joueur d'instrument, celui qui joue de quelque instrument de musique. Joueuse de harpe.
Donner des pensions.... à un maître de danse, à un farceur, à un joueur de flûte
de Jean de LA BRUYÈRE dans XIII
Le bon vin Pour toi ne vieillit pas en vain, Beau joueur d'orgue au service divin
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Troubad.
6
Joueur de farces, joueur de gobelets, joueur de marionnettes, ceux qui divertissent le public par des farces, par des gobelets, par des marionnettes.

HISTORIQUE

1
XIVe s.
Car il estoit jouere as dés
de J. DE CONDET dans p. 131
2
XVe s.
La bande des hallebardiers entremelez de grands joueurs d'espée, tous revestus d'une mesme parure
de ANDRÉ DE LA VIGNE dans Voy. de Naples de Charles VIII, p. 118
3
XVIe s.
Il n'est jeu qu'à joueurs
de Randle COTGRAVE dans
De deux regardeurs, il y en a un qui devient joueur
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans Prov. t. II, p. 86

ÉTYMOLOGIE

1
Jouer ; bourguig. jueu ; provenç. joguaire, au nominatif, joguador, au régime ; espagn. jugador ; ital. giuocatore.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
JOUEUR. - HIST. XIIIe s.
Tout maintenant, sans plus tergier, Comanda à son escuier Le blanc joeor [c'est un cheval] atorner
dans li Chevaliers as deus espées, publié par Förster, V. 2677

Termes proches de JOUEUR, EUSE